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Le Théâtre La Cité invite le danseur et chorégraphe tunisien Bahri Ben Yahmed à animer un stage à Marseille. Sa démarche est basée sur l’improvisation et la démocratisation de la danse.
Qu’est-ce qu’un corps peut raconter, socialement et politiquement, à travers le mouvement et dans l’espace public ? Comment un corps peut-il être force d’action sur lui-même, sur les autres et sur son environnement ? Finalement, comment des corps, aux identités et histoires multiples, peuvent-ils créer ensemble une danse citoyenne ?
À l’issue du stage, une représentation en espace public est donnée le dimanche 26 avril.
« Un corps-citoyen est toujours considéré comme un corps marginal dépourvu d’intelligence et de moyens d’expressions. Il faut donc l’éduquer et l’orienter. Il doit être à l’image d’un bon citoyen qui subit et respecte les instructions, les lois, les techniques, les concepts et les institutions. Et ces cadres sociaux-culturels définissent ses besoins et ses fonctions.
Mon travail aujourd’hui, et après 30 années d’expérimentations et de réflexions sur le corps social et politique, m’a permis de développer une approche qui prend son origine dans la capacité d’un corps à se libérer, à prendre conscience de son présent. Comment trouver d’autres moyens et d’autres mécanismes pour se libérer, pour redécouvrir son corps personnel et son corps citoyen ?
Cette prise de conscience corporelle se base en premier lieu sur la reconnaissance de l’héritage culturel, émotionnel, social et intellectuel qui va renforcer après coup la sensation de son bien-être, sa confiance, sa fierté et finalement déclencher le processus de la réconciliation.
Nulle technique pourrait aider le corps à gagner confiance en soi et à vivre en osmose dans un environnement conflictuel s’il ne se réconcilie pas avec soi et les autres, s’il ne se considère pas lui-même force d’action sur lui-même et sur son environnement.
Mon travail consiste essentiellement à décortiquer ce corps à travers le mouvement, en plongeant en profondeur dans son histoire, en l’aidant à trier, pour garder l’essence de ce qui fait de lui un corps unique. Car les corps uniques constituent des groupes uniques, et agissent d’une manière unique sur leur monde. »
– Bahri Ben Yahmed
Bahri Ben Yahmed
Adepte des représentations publiques, uniques et poétiques, il transforme régulièrement les rues de Tunis en grandes scènes ouvertes à tous. Il crée l’association « Danseurs citoyens » à Tunis en 2013. Au départ collectif de danseurs engagés pour la cause démocratique après les évènements de 2011, Danseurs citoyens s’est investi sur plusieurs fronts, mais par un seul moyen : la danse, et avec pour ambition la démocratisation de la danse dans son pays, le soutien à la formation des danseurs. Plusieurs projets ont été réalisés : Je danserai malgré tout, Résidance, Hommage au martyre, Le 1er Mai, Street Dreams, Made by Street…
La presse en parle
LE TEMPS, Mona Ben Gamra
Danse citoyenne… Danse urbaine… C’est quand des jeunes des quartiers défavorisés se relèvent, se ressaisissent pour battre le bitume aux pas mesurés d’une danse engagée.
NAWAAT, Selima Karoui
Le corps dans l’espace public est un engagement en soi, alors aspirer au changement des mentalités sociétales devient le front de tous les possibles.
JAMAITY
Au départ, « Danseurs Citoyens » était un collectif de danseurs qui se sont engagés pour la cause démocratique après les évènements de 2011. Ce collectif s’est engagé sur plusieurs fronts mais par un seul moyen : la danse.