© Daniel Aimé
Pour cette création, Nadège Prugnard, auteure et interprète, a choisi de travailler sur le thème de l’alcool et de l’ivresse du verbe « poème dans un coin d’ombre où je fourre ma main d’auteure dans la gorge de la vinasse ». Dans un coin de mur, miroir déformé de la cité, une femme ivre de mots, ivre de vie, se cogne pour trouver sa part d’humanité, retrouver un visage. Entre paroles rageuses et mots accrochés aux étoiles, Fanny-peaude- whisky balance la longue litanie d’une vie écartelée entre les bars, d’une existence fracassée entre le dernier verre du jour et le premier du lendemain, les rencontres, les discours, les chansons d’amour, les étoiles… poème aux mille visages croisés. Celui de l’enfant ivre de ses rêves, en passant par la jeune femme chancelante du désir d’amour, jusqu’à la vieille titubant dans un crachat face à la mort.
« Elle dit : Je sais que je ne peux pas boire un verre et m’arrêter !
Je dis : Je sais que je ne peux pas écrire un vers et m’arrêter ! »
– Nadège Prugnard
Texte, jeu, et mise en oeuvre Nadège Prugnard • Assistante à la mise en scène Mâya Heuze Defay • Regard extérieur Nouche Jouglet-Marcus et Jean-Luc Gultton • Création sonore Lemble Lokk, Géraud Bastar, Lux Bas-Fonds • Création lumières Jean- Louis Fié • Costumes Marianne Mangone • Production Cie Magma Performing Théâtre
La presse en parle
LE CANARD ENCHAINE, Mathieu Pérez
Il y a d’abord cette voix éraillée, canaille. Cette langue orale, poétique. Ces expressions qui claquent. Ces mots qui arrivent par torrents et débordent de partout. Cette main qui tient une liasse de feuilles qui s’échappent pour rejoindre un fatras de papiers. Et ce dos tout en imperméable, puis en robe rouge, car de Nadège Prugnard nous ne verrons le regard qu’à la toute fin. C’est que, dans ce monologue (qu’elle a écrit et mis en scène), sa Fany Peau-de-Whisky se dérobe à nous, cache son visage. Elle picole, elle l’avoue, elle a soif, elle le revendique, le crie haut et fort une heure durant : « j’arrive pas à boire en autarcie. » Elle est aussi à la ramasse, Fany. Elle crie sa détresse, sa fragilité, ses désirs, sa sensibilité d’écorchée vive. Dans un même souffle, elle est la femme aux milles fêlures et la narratrice.
THÉÂTRE DU BLOG, Stéphanie Ruffier
“Plantée dans son petit pré- carré de paperasses, résidus de son roman, la tête en butée contre deux pans de murs noirs, elle est talonnée par le dernier stade de la soif.
FROGGY’S DELIGHT, Martine Piazzon
« Alcool », c’est un cri, un sanglot, un combat à fleurets non mouchetés entre les pulsions de vie et de mort, une tranche de vie bien saignante, rouge sang comme la robe et les escarpins, comme la main coupée par le verre, comme la tête qui finirait par éclater par les coups répétés contre le mur.
FRANCE INFO, Odile Morain
Nadège Prugnard a construit son univers en allant au-devant des gens. Directement dans les bars. C’est à partir de témoignages, de récits du quotidien, qu’elle a élevé l’aspect documentaire de la « maladie » en oeuvre dramatique.
LA MONTAGNE, Julien Bachellerie
Pour sa nouvelle création, Nadège Prugnard s’abreuve au thème de l’ivresse. Avec « Alcool », l’auteure convoque tout autant les errances et fulgurances individuelles que le chaos du monde.
LE JOURNAL de Saône-et-Loire, Thierry Blandenet
Une femme en imperméable et tallons rouges, décoiffée, ivre morte, se tient debout, ou du moins tente de se tenir débout au milieu d’un amas de papiers froissés noircis de texte. Cette pièce, c’est avant tout une silhouette tragique, celle de Fanny peau de whisky et une voix. Une voix de zinc, éraillée, déraillée, en totale perdition, exceptée avec le Verbe.
Imbibée d’alcool, Fanny l’est aussi par les mots qui coulent hors d’elle en désordre, poésie de l’absurde et du mal être. On pense à Artaud ou Lautréamont. Mais c’est du Prugnard. Une écriture brute, acérée, qui demande au spectateur une attention soutenue – qui s’opère dès les premiers mots, avec une écriture qui prend aux tripes et vous ligotent sur place. La vie est trop puissante pour Fanny. L’alcool est un remède, un cache-misère à vrai dire. Ce qui la maintient vraiment, c’est les mots. Les mots en lesquels elle s’incarne : « Et je reste la plus belle dans mon noir paumé avec les yeux arrachés, les mots sont aveugles. »
UN SOIR OU UN AUTRE, Guy Degeorges
Voir, écouter une telle performance, c’est déjà s’engager. Nadège Prugnard nous force à regarder le texte en face, alors même que l’actrice nous tourne le dos. C’est que cet Alcool est triste, honteux. Il ne guérit ni ne console, du sel sur les blessures. Cet alcool brule. Rien ne tempère ce monologue de l’ivrogne : un texte âpre et concret, ancré, entier, à forte densité. L’excès à l’opposé du bon gout. Le personnage éructe, beugle, fulmine, invective, se vautre. Il se répand en une furieuse musicalité- en cela l’actrice a dû inspirer l’écrivain. Mais il y a plus ici qu’un traité de l’alcool, la performance glisse peu à peu du point de vue du personnage à celui de l’artiste, c’est de mots qu’elle nous invite à se saouler avec elle, l’intime et le politique accouplés. Les feuilles perdues jonchent le sol, ces mots luttent d’une autre manière, sensible et grinçante, contre la douleur et l’insoutenable. Une manière moins toxique, mais non inoffensive. Cette performance donc engage loin de l’anodin et du cynisme en vogue, et c’est salutaire. Les temps sont durs et rudes : ce qui est tiède échoue désormais à nous donner du sens.
Alcool, un petit coin de paradis
le 01/12/2017
Le Canard enchainé
Il y a d'abord cette voix éraillée, canaille. Cette langue orale, poétique. Ces expressions qui claquent. Ces mots qui arrivent par torrent et débordent de partout.
Mathieu Pérez
Alcool : du très beau théâtre au-dessous du volcan !
le 02/01/2017
Théâtre du blog
Originalité de ce solo : un tissage de voix féminines, façon théâtre-récit, à l'italienne, l'auteure-comédienne passe de l'incarnation, à la narration, en vacillant à peine sur ses hauts talons au vernis rouge écaillé.
Stéphanie Ruffier
Riviera de pacotille
le 01/04/2016
Kulturo
Nadège Prugnard tourne le dos au corps pour faire monter les mots dans les degrés. De sa Fanny Peau-de-Whisky, elle ne montre qu'une image chancelante et floue, comme un écho de la réalité qui se cognerait au vide, à l'absence, à l'artifice...
Annick Faurot
Alcool, c’est un cri, un sanglot
le 04/01/2016
Froggy's delight
Alcool, c'est un cri, un sanglot, un combat à fleurets non mouchetés entre les pulsions de la vie et de la mort, une tranche de vie bien saignante, rouge sang comme la robe et les escarpins (...)
Martine Piazzon
Cassavetes croise Bukowski
le 14/07/2015
Le Journal
Un spectacle saisissant par une auteure nécessaire et porteuse d'un spectacle exigeant. Fanny vous arrachera l'âme et vous laissera K.O, sonné par un texte qui résonnera longtemps après la fin du spectacle.
Thierry Blandenet
Alcool : Un soir ou un autre
le 05/01/2015
Un soir ou un autre
Abus dangereux. Voir, écouter une telle performance, c'est déjà s'engager. C'est que cet Alcool est triste, honteux. Il ne guérit ni ne console, du sel sur les blessures.
Guy Degeorges
Nadège Prugnard, un « alcool » fort
le 05/01/2015
France culture
Nadège Prugnard a une très belle écriture, c'est une actrice formidable (...) Je l'ai vue à Confluences dans son spectacle "Alcool", c'est Gena Rowlands... ce spectacle est superbe !
Jean Pierre Thibaudat
Le public enivré par la dernière création de N.Prugnard
le 03/03/2014
La Montagne
Dans le reflet fractionné d'un miroir, une femme ivre de mots, ivre de vie se cogne pour trouver sa part d'humanité, retrouver un visage.
Julien Bachellerie
« Oser » Nadège Prugnard, c’est aussi faire confiance au public
le 01/03/2013
La Montagne
Il fallait oser, Nadège Prugnard et ses invités voient la réalité sous la lumière la plus crue, mots pour maux, à en vivre ou mourir.
Josiane Privat