© Cadran / Vert Ardent
Quel est le rapport entre le changement climatique, l’invasion des perturbateurs endocriniens ou des particules fines, l’érosion des sols, les
incendies de la forêt amazonienne ou encore la mort de Martha, en 1914, dernière représentante de la plus prolifique espèce de pigeons migrateurs, anéantie en quelques décennies seulement ? L’impact des activités humaines, aujourd’hui sur le point de rompre un équilibre fondamental entre la planète et ses habitants. Mais on peut aussi raconter l’histoire autrement, comme l’entrée dans une nouvelle ère géologique où l’homme serait devenu
plus puissant que les volcans. Et la raconter en images, en cartes, en diagrammes, comme le propose le chercheur belge François Gemenne. « Car la première chose à faire, affirme ce spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement, professeur à Sciences Po, est d’avoir sous les yeux l’étendue des changements, globaux et irréversibles ». État des lieux aussi limpide qu’implacable, son Atlas de l’anthropocène, sorti l’automne dernier et codirigé avec Aleksandar Rankovic et l’atelier de cartographie de Sciences-Po, est surtout un appel à la mobilisation.
François Gemenne est le co-directeur de l’Observatoire Défense et Climat du Ministère de la Défense, établi à l’IRIS. Il est par ailleurs chercheur qualifié du FNRS à l’Université de Liège, où il dirige l’Observatoire Hugo. Il enseigne également les politiques d’environnement et les migrations internationales à Sciences Po Paris et Grenoble, et à l’Université Libre de Bruxelles, où il est le titulaire de la Chaire Bernheim Paix et Citoyenneté.
En tant qu’auteur principal pour le GIEC, ses recherches sont essentiellement consacrées à la gouvernance internationale des migrations et du changement climatique. Il a beaucoup travaillé sur les déplacements de populations liés aux changements de l’environnement, notamment aux catastrophes naturelles, ainsi qu’aux politiques d’adaptation au changement climatique. Il a effectué de nombreuses études de terrain, notamment à La Nouvelle-Orléans après l’ouragan Katrina, dans l’archipel de Tuvalu, en Chine, au Kirghizstan, aux Maldives, à l’île Maurice et au Japon après la catastrophe de Fukushima.
Il a participé à un grand nombre de projets de recherches internationaux consacrés à ces questions, notamment les projets européens EACH-FOR, HELIX, EDGE et MECLEP, dont il est le coordinateur scientifique. Il a également coordonné le projet DEVAST, un des premiers projets internationaux consacrés à l’étude des conséquences politiques et sociales de la catastrophe de Fukushima. En 2015, il a reçu une bourse Fulbright pour poursuivre des travaux de recherche à l’Université de Princeton.
Il a par ailleurs été le conseiller scientifique de l’exposition Terre Natale, Ailleurs Commence Ici à la FondationCartier pour l’Art Contemporain, et a également été consultant pour l’Organisation Internationale pour les Migrations (IOM), la Banque Asiatique de Développement (ADB), la Banque Mondiale, l’Observatoire ACP pour les Migrations et le Gouvernement britannique (Foresight). En 2010, il a reçu le Prix ISDT-Wernaers pour ses travaux de vulgarisation scientifique auprès du grand public.
Il est titulaire d’un doctorat en sciences politiques de Sciences Po Paris et de l’Université de Liège, en Belgique (double diplôme). Il possède également un Master en Développement, Environnement et Sociétés de l’Université de Louvain, et un Master de Recherche en Science politique de la London School of Economics, où il a aussi enseigné. Entre 2008 et 2010, il a été titulaire d’une bourse de recherche post-doctorale du Fonds Axa pour la Recherche. Il a publié ses travaux dans plusieurs revues, dont Science et Global Environmental Change, et est l’auteur de six ouvrages, dont Géopolitique du climat (Armand Colin, 2009 et 2015), The Anthropocene and the Global Environmental Crisis (édité avec C.Hamilton et C.Bonneuil, Routledge 2015), ainsi qu’un Atlas des Migrations Environnementales avec D.Ionesco et D.Mokhnacheva (Presses de Sciences Po et Routledge, 2016).
Par ailleurs, il est directeur du domaine Développement durable aux Presses de Sciences Po.
François Gemenne
le 08/01/2020
Télérama
Le climat ? à peine enseigné dans les grandes écoles, toujours obscur pour les politiques... En dressant un implacable état des lieux, ce membre du Giec appelle à une mobilisation qui laisse des raisons d'espérer.
Weronika Zarachowicz