RROMS, ROMANI, UN PEUPLE, UNE LANGUE © Sigrun Sauerzapfe
Que savons-nous des Rroms ? D’où viennent-ils ? Quelles sont leurs langues, leurs histoires, leurs coutumes et leurs cultures ? Au-delà des images que nous percevons tous (mendicités, fouille des poubelles, campements dans les faubourgs..), comment se mettre en expérience de leurs vécus, de leurs ressentis, sans faire fi de nos propres peurs et préjugés ? Au cœur de nos obstacles réciproques, quels liens, quels dialogues allons-nous pouvoir tenter sur la scène, comme miroir d’une relation qui se cherche et s’invente sous nos yeux ?
Trois chantiers artistiques sont actuellement en construction par Xavier Marchand, Florence Pazzottu et Julie Villeneuve. L’ensemble des productions sera présenté à l’occasion de la Biennale des Ecritures du Réel #2.
Mangimos – la demande en mariage de Xavier Marchand
« Avena maj palal amende, mangaven le rom (Vous viendrez tout à l’heure chez nous, les roms font une demande en mariage). »
« S’il est un évènement majeur dans la vie des roms, c’est bien le mariage de leurs enfants. Patrick Williams, ethnologue et chercheur au CNRS, a analysé une demande en mariage chez les roms Kalderash.
Il en fait le récit, décrivant les divers enjeux et moments qui vont ponctuer la « cérémonie ». Qu’est-ce qui s’y joue, puisque les nombreux participants savent tout des intentions du père de la jeune fille et du père du jeune homme qui présente sa demande. Pourtant cela va durer des heures, on boit, on mange, on rigole, on frise la rupture, on demande pourquoi on est là, et l’on assiste à de véritables joutes verbales entre les membres de la communauté pour inciter et contraindre les deux pères à se prononcer sur la raison de ce rassemblement. Quand le père de la jeune fille, acculé, prononce enfin : « Dav les mura sia » « Je lui donne ma fille », la fête peut commencer. Ce récit bilingue nous plonge au cœur d’un événement coutumier et révèle bien des aspects de l’esprit rom. »
Xavier Marchand
Texte Patrick Williams (ethnologue et chercheur au CNRS) • Mise en scène Xavier Marchand • Avec Sasha Zanko, Nicolas Zanko, Guitsa Lorga, Xavier Marchand • coproduction La Cité / cie Lanicolacheur avec le soutien de la Région PACA
La fabrique à histoires de Julie Villeneuve et Claude Veysset
Un travail sur l’enfance fait avec des enfants
« En bas de chez nous, il y a des enfants rroms. Nous avons sympathisé. Ils viennent nous voir souvent.
Nous leur demandons : Vous connaissez des histoires ? Ils répondent «non»… Ils ramènent des jouets qu’ils trouvent dans la rue et ce sont les jouets qui se mettent à parler…
Notre désir est de créer avec des enfants rroms et non-rroms que nous rencontrons à la Cité. Créer avec leur manière d’être, leur façon de cheminer et de construire, leurs différences, leurs imaginaires, avec la façon dont ils se perçoivent, dont ils perçoivent le monde et les autres… Ils tisseront les fils de leurs
imaginaires individuels et collectifs et créeront des histoires à plusieurs voix qui dépasseront les limites de leurs réalités pour peut-être en parler mieux…
Sur scène il y aura de la vidéo, des textes, des jouets et des présences d’enfants… »
Julie Villeneuve et Claude Veysset
Conception et mise en scène Julie Villeneuve et Claude Veysset • Sur scène Claude Veysset, Lola Stouthamer et des enfants ayant participé aux ateliers • coproduction La Cité / cie le Facteur indépendant avec le soutien de la Région PACA
Hymne à l’Europe universelle (sic) de Florence Pazzottu
Ce texte est une commande de texte de La Cité à Florence Pazzottu. Une écriture à la première personne qui traverse notre expérience de côtoiement des rroms dans la ville.
« Qu’il soit en prose ou en vers, le poème, alors, résiste, par son lancer, par son saut ou son pas de côté, dressant contre la complainte, la soumission ou le découragement face à l’état-du-monde-comme-il-est, sa force d’affirmation et de salutation de l’inconnu (de l’être insituable de l’homme, de l’impropriété du sujet). Il relance, toujours plus loin, la question. Dans le même mouvement, oui, dans le même temps, précisément, étant toujours lui-même lancer précis (inscrit dans le temps) et inachevé, intemporel et présent (tout poème se lit « maintenant »), le poème organise, avec les ressources mêmes de la langue, la résistance à ce qui, dans la langue (dans le monde), assigne et aliène, détruit la place du « je-ne-sais-qui », poussant hors de ses frontières ou renvoyant à l’invisibilité, à l’inexistence sociale, celui qui (parmi les n’importe qui) est aux yeux de l’époque (de la société) le plus irréductiblement autre (et qu’elle dit « barbare » et menaçant, trouvant dans cette menace qu’elle a elle-même produite en la formulant le prétexte à l’exclusion qu’elle opère).
C’est autour du mot Rrom que se cristallise aujourd’hui le plus fortement cet enjeu. »
Florence Pazzottu
Rroms, romani, un peuple, une langue
Date | Lieu |
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14 juillet 2012 | Antenne régionale de Vaucluse à Avignon |
25 mars 2012 | Les Bancs Publics, Marseille |