« Faut-il vouloir à tout prix être libre et risquer de se faire manger par le loup comme la chèvre de Monsieur Seguin ? Aurait-elle pu être heureuse en se contentant de l’herbe de son enclos ? Peut-on protéger quelqu’un contre son gré ?
Des enclos que l’on construit soi-même ou que d’autres construisent pour nous, pour nous protéger de l’extérieur. Des murs, des règles, des frontières, des portails automatiques, des caméras de surveillance, des sacs que l’on fouille à l’entrée des magasins, des portiques détecteurs de métaux… Les moyens évoluent en même temps que les menaces (réelles ou supposées). Parfois ça nous étouffe, d’autre fois ça nous rassure. Ce qui est sûr c’est que ça ne nous laisse pas indifférent et que certains mettent des barreaux à leurs fenêtres, tandis que d’autres préfèrent vivre sans barreaux au risque d’être cambriolé… »
Julie Villeneuve
« C’est à partir de l’histoire de la chèvre de Monsieur Seguin, que nous nous rencontrons les adolescents et moi. Nous discutons, écrivons, improvisons.
Lors des premiers rendez-vous, j’ai été saisie par la façon dont ils s’engagent dans le travail, de la manière dont ils s’emparent du conte pour poser des questions politiques et philosophiques sur leur vie et notre société. Leur parole m’a parue faire particulièrement écho aux problèmes sociaux et politiques qui agitent notre époque. » Julie Villeneuve
Extrait d’un dialogue :
– On va dire l’enclos c’est l’état. Le loup c’est les gens méchants et les chèvres c’est nous. Seguin c’est un peu l’état. Derrière on sait pas ce qu’il fait, il nous manipule, il nous maltraite. On va dire que l’enclos c’est les lois.
– Ouais mais la chèvre elle est un peu con, y a toujours des trous dans la loi, elle a qu’a les trouver et passer à travers.
– De toute façon je suis sûre que la chèvre elle a développé un syndrome de Stockholm. Si tu lui enlèves l’enclos, elle continue de tourner.
– Faut un enclos plus grand ! Mettre un enclos autour de la montagne !
– Moi je pense qu’on ne pas tuer les loups parce qu’on se transformerait nous-mêmes en loup.
– C’est triste cette histoire.
– Ben non, la chèvre elle avait qu’à écouter. On l’avait prévenue.
– Ah parce qu’on l’avait prévenue c’est pas grave ?!
– Ben c’est sa faute. Enfin je sais pas moi, elle était pas malheureuse, elle avait de l’herbe, elle avait à manger tant que tu manges c’est bon quoi ! Et c’était pas mauvais ce qu’elle mangeait, c’était de l’herbe normale. Mais elle, elle avait toujours besoin de plus…
– Donc selon toi dans la vie si tu manges à peu près correctement, même Sodexo on va dire, ça va ?
– Ah ben non, pas Sodexo !
Production Théâtre La Cité en coproduction avec le Théâtre National La Criée et la Cie le Facteur Indépendant.
Avec le soutien d’Aix-Marseille Métropole, du Conseil Départemental 13 et de la Région PACA dans le cadre du Contrat de ville, et de la Caisse d’Allocations Familiales 13.
En partenariat avec l’ARI (Association Régionale pour l’Intégration des Personnes en situation de handicap ou en difficulté), le centre social La Capelette, la Mairie du 9ème/10ème arrondissement, l’Atelier des Arts (9ème), la communauté Emmaüs Saint-Marcel.