Désembrouiller le Moyen-Orient, noeud s’il en est de populations, d’histoires et de religions mêlées, de découpages et occupations coloniales, de tracés, effacements, transgressions, érections de frontières et de murs, de conflits d’identités, d’intérêts et de convoitises internationales, démêler ce noeud-là où semble se jouer depuis toujours l’ordre et le désordre du monde, c’est la vie et l’oeuvre de Rashid Khalidi.
Tenir ensemble l’histoire et l’actualité, le savoir et l’engagement, est chez lui une nécessité autant qu’une passion. Identité, Nation, État : les articulations complexes entre ces trois grands mots sont souvent confondues. Trois grands mots qui, dans le contexte d’un Moyen-Orient aux frontières décomposées-recomposées, sont comme des outils de séparation et pureté meurtrière, ethnique ou religieuse ; trois grands mots qui peuvent au contraire transcender les appartenances individuelles, dessiner l’histoire collective, garantir la justice, bref, permettre aux hommes de vivre ensemble.
Rashid Khalidi est historien, américain d’origine palestinienne, spécialiste de l’histoire du Moyen-Orient. Détenteur de la chaire Edward Saïd d’Études du monde arabe moderne à l’université de Columbia, il sait lire l’actualité de cette région au regard des longues histoires qui ont tissé les identités, les mouvements nationaux, les intérêts internationaux, les colonisations et les empires.