Habiter là
Pendant une semaine, nous avons célébré Marseille, à notre façon à nous, qui est celle de l’habitant.
Nous avons présenté le travail mené au sein de l’atelier de La Cité par Michel André « Habiter là » ainsi que le film réalisé par Florence Lloret « Les villes intimes ».
Durant deux ans, sur une proposition de Michel André, un groupe d’habitants de différents quartiers de Marseille s’est réuni à La Cité, pour chercher ensemble comment raconter cette ville où nous vivons. Chacun a ramené sur la scène le fruit de ses explorations, de ses rencontres, de sa propre histoire aussi. Un geste théâtral s’est peu à peu inventé : Habiter là.
Ils sont treize et se tiennent debout au milieu du carré de lumière qui est notre scène, sans rien que leurs mots, leur corps, leurs émotions, pour faire exister ces relations secrètes et souterraines qui maillent la ville comme un dédale invisible.
Relations encore, mais filmées cette fois, celles de l’étranger venu des Comores, du Maghreb, d’Afrique, à la cité où il débarque et s’installe : Marseille. Relations amoureuses souvent, mais pas toujours. Relations inscrites dans des murs, des façades, des rues, qui en portent la trace intime, et encore une fois invisible à celui qui ne fait que passer. Ce sont Les Villes Intimes.
Cet atelier documentaire proposé par Florence Lloret fait suite à un travail qu’elle mène depuis plusieurs années à la Joliette et dont nous verrons aussi le premier opus: Histoire de trois poussières de sable, réalisé en 2001, alors que les tous premiers chantiers du programme Euroméditérranée voient le jour dans le quartier. Nous diffuserons également le film de Laurence Rebouillon: Rue des petites maries, récit d’un retour à Marseille, un souvenir qui hante et l’énergie d’une rencontre avec un homme qui danse dans la rue.
Dans ces trois films, c’est au cœur de Marseille, vue, vécue, rêvée et inventée par certains de ceux qui la peuplent, que nous allons. Quelque chose de vivant comme la vie emplit les lieux filmés là et résiste au regard surplombant, panoramique, dont la ville fait souvent l’objet.
Une invitation à peut-être penser différemment sa construction…
Regards de l’intérieur donc, sur cette ville. Mais pas que :
Avec l’Atelier de Visu, qui est un lieu de travail et d’aide à la création photographique, nous avons eu envie de montrer le travail du photographe turc Ali Taptik. Images de Marseille, où il a été accueilli en résidence par l’Atelier de Visu en septembre 2005, et images d’Istanbul, sa ville natale, accompagnées d’une lecture d’extraits de son carnet de route.
Et puis pour découvrir autrement Marseille, une balade architecturale du micro-centre et de ses dents creuses proposée par Nicolas Memain (ni architecte, ni urbaniste, mais bien décidé à y participer…), Marseille moderne, et une balade littéraire, proposée par Sabine Günther de l’association Passage, Sur les traces d’Antonin Artaud.
Aujourd’hui, c’est une journée de vacances. La mer est belle et calme. Il n’y a pas beaucoup de vent. Dès que je m’assoie, je sens la chaleur de la pierre. Un petit pointu «L’Estaque», avec des petits drapeaux qui flottent, rentre au port. Je ne m’étais jamais posée à cet endroit-là avant. J’étais peut-être passée, mais je ne m’étais jamais arrêtée. Je voyais l’endroit en prenant le bateau pour aller au Frioul. Je me demandais ce qu’on pouvait bien faire à rester assis là. Et laisser les enfants se baigner dans cette eau sale. En plus, c’est dangereux avec les bateaux. Ça sentait la misère et les mauvaises fréquentations. Mais depuis que j’y vais, je ne ressens plus cela de la même façon. C’est beau et moins sale. Pourtant, il n’y a pas grand chose qui a changé, ici. C’est moi qui ai changé. Je me sens un peu comme dans une bulle. Je suis bien. Je prends la position lézard au soleil sur la façade du fort St Jean et je me laisse aller à regarder défiler les bateaux et les gens.
Anne
Du mardi 16 mai au vendredi 19 mai à La Cité :
19h : Projection de «Les villes intimes» de Florence Lloret, avec : Sofia Ben Nabi, N’Diaye Pape, Mariama Aboudou, Messaouda Boutara, et Kassim Oumouri
20h30 : «Habiter là», présentation de l’atelier dirigé par Michel André avec les habitants-acteurs : Anne Battini, Yamina Bouchiba, Claudie Broda, Véronique Cova, Josiane Dimaio, Jean Elouane, Hugues Fesneau, Nuria Garcia, Cédric Grattenoix, Violette Martinez, Valérie Raichon, Sophie Sorret, Julie Villeneuve.
Samedi 20 mai :
14h30, au départ du Vieux-Port (plaque des Phocéens) : Balade architecturale «Marseille moderne».
16h et 18h à l’Atelier de Visu : Expo-Lecture autour du travail du photographe Ali Taptik.
20h30 à La Cité : Projections de «Rue des petites maries», «Histoire de trois poussières de sable» et «Les villes intimes» suivies d’un débat en présence des réalisatrices, des participants aux ateliers, et auquel nous avons également convié : Salva Condro, sociologue et auteur de «La ville précaire» et l’association «Möbius-Ville et Architecture».
Dimanche 21 mai :
10h30, au départ de la station de métro Chartreux :
Balade littéraire «Sur les traces d’Antonin Artaud».
à partir de 12h : Pique-nique au parc Adrienne de la Vigne.
Adresses des lieux :
La Cité – 54, rue Edmond Rostand – 6ème – Mo Castellane
Atelier de Visu – 19, rue des Trois Rois – 6ème – Mo Notre-Dame-du-Mont
Parc Adrienne de la Vigne au-dessus de la Calanque de Samena – 8ème – Ligne 19 au départ du David, puis accès à pied ou ligne 20, arrêt Samena.
Projets soutenus par la Ville de Marseille, le Conseil général 13, la Région P.A.C.A., la D.R.A.C., le F.A.S.I.L.D., le DSU centre-ville, le DSU 13e-14e et le DSU tout Marseille.