LOUBIA HAMRA © Narimane Mari
Ni «Sa majesté des Mouches», ni «La Guerre des boutons»
Sur une plage d’Algérie, des gamins barbotent, dorment, se chamaillent — puis, soudain, s’en vont en guerre. Narimane Mari, pour son premier long-métrage filme de près cette mêlée enfantine, au rythme accidenté d’une imagination qui emprunte au grand vrai, à l’Histoire nationale : à la guerre d’indépendance, rien de moins. Sérieuse comme dans les jeux d’enfants, l’Histoire est ramenée à la taille sans mesure d’un fantastique théâtre de silhouettes, et d’autant plus grave que l’enfance n’y est pas engloutie, mais surnage, rivale, inaccomplie, libre encore d’un destin écrit.
Ce film a reçu le grand Prix de la compétition Française FID
et le Prix Renaud Victor et Mention spéciale du Prix de Marseille Espérance
« On a répété deux ou trois heures presque tous les jours pendant deux mois. La ville avait mis un théâtre à notre disposition. Pendant que l’un jouait, les autres regardaient, mais se moquaient aussi, riaient et les déconcentraient. C’était drôle et dur pour tout le monde. Mais tout le monde s’est aperçu très vite aussi qui faisait le meilleur jeu. Les rôles se sont répartis comme ça, sans jalousie, sans injustice. Ils se laissaient alors la place. Petit à petit, on est sorti dans les décors, et c’est surtout là que les choses se sont développées. Mais j’ai tenu à la théorie, à ce qu’ils apprennent le sujet, le contexte. J’ai tenu à faire travailler leur tête avant de jouer avec leur corps. C’est vrai qu’il fallait hurler « ça tourne » pour les canaliser, mais je n’avais pas de porte-voix et la mer est très puissante.»
Narimane Mari
- De Narimane Mari
- Grand Prix de la compétition Française
- Prix Renaud Victor et Mention spéciale du Prix de Marseille Espérance
Narimane Mari est née à Alger en 1969. Elle travaille pour Libération, France Soir, Canal +, et lance une collection de livres de photographies. En 2010, elle fonde, en Algérie, ALLERS RETOURS FILMS afin de produire des documentaires et des « fictions d’engagement ». En France, elle devient productrice déléguée de la société Centrale Electrique, ainsi que réalisatrice et monteuse. Loubia Hamra (Haricots Rouges) est son premier long-métrage réalisé en 2013.