Le(s) visage(s) de Franck est né d’une commande du Théâtre La Cité faite en 2012 à Charles-Eric Petit : il s’agissait d’ « écrire autour de la crise ». Après un temps d’écriture et de répétition avec cinq acteurs amateurs à partir de leurs expériences du monde du travail. Le spectacle créé est repris, cette fois à une seule voix, par l’acteur François-Dominique Blin.

Lecture, mise en récit, mise en espace, récit d’expérience… Peu importe la définition de cet objet théâtral. La mise en scène est sobre, épurée, brute. Un pupitre, un texte, un micro et un acteur qui devient Franck et tous les personnages qu’il rencontre.
Dans son plus bel habit de travailleur, Franck se lance dans un « stand up » qu’il compte bien maîtriser. Décontracté, joyeux et parfois cynique, il avance dans ce récit et (s’)amuse dans la (re)présentation des personnages et des situations.
Il joue et jouit de différents temps de parole, glissant tantôt son regard sur le papier pour en faire mieux ressortir certains personnages, se mouvant tantôt dans un « temps zéro » de présence direct avec son auditoire, qui lui permet de croire encore un peu, dans sa maîtrise du sujet.
Le corps se meut au fur et à mesure que l’esprit s’échauffe. Franck se fait happer par son jeu, jusqu’à se laisser emporter par le flot de ces reconstitutions de moments vécus. Sa lucidité ne laissant plus de place à l’amusement et à l’espoir, le malaise et la douleur deviennent plus forts. Le masque tombe. Franck explose. Sans retenue.
« Seule une bulle – lentement monte – bientôt éclatera à la surface – faisant taire le monde – imposant le silence et l’écoute ». Dans un nouveau temps de parole, dénudé, Franck se soigne. Il se raccroche aux mots et à la poésie qui seuls, le sauvent encore.
Charles-Eric Petit