Etudiant, après avoir douloureusement subi la moulinette idéologique de Sciences-Po, je m’orientais vers le journalisme. Attiré par l’écriture et le cinéma, plus que par le traitement de l’information, j’imaginais alors une technique très personnelle, dite des « Un tiers, deux tiers ». soit un tiers d’information, deux tiers d’invention… visiblement je n’étais fait non plus pour ce métier !
Il est possible que mon penchant de plus en plus marqué pour l’autofiction – C’est à dire, le fait de m’inscrire dans mes films – provienne en partie du fait que je ne suis pas bien sûr de qui je suis, ni de mes attentes, ni de la manière dont je m’envisage dans le monde qu’on nous propose. Toutefois, un genre existe depuis les années 70 et dans lequel je m’insère volontiers, le Gonzojournalisme. A savoir, l’expression affirmée d’une hyper-subjectivité, afin de traiter le plus honnêtement possible les sujets que je décide aborder. Devenu alors personnage sensible, me questionnant autant que je questionne les autres, je parviens ainsi à comprendre ce qui, de film en film, m’attire inlassablement : L’expression de l’indépendance, l’autonomie contre l’individualisme et la mise en cause d’un mode de pensée uniforme.
Ayant décidé depuis longtemps déjà, de quitter la Capitale, pour vivre et travailler à Marseille, je me vois comme un « Outsider » et ose maintenant revendiquer cette posture à-priori inconfortable.
« Les Noaillaux », œuvre participative, faisant le portrait de ce quartier populaire du cœur de Marseille, est pour moi l’occasion nouvelle d’agir sur le terrain qui m’anime : Trouver la parole commune de ce petit monde. Recréer une famille de complicités, au gré de déambulations et de rencontres. M’apercevoir que le dialogue est un jeu qui peut ne jamais s’arrêter, tant que les hommes savent s’affranchir des accents du pouvoir ou de la domination sociale.
Cette quête politique et artistique est aussi celle du Théâtre de la Cité et de son équipe. Ensemble, nous travaillons a une même vision, inventons une esthétique commune.
Jean-François Comminges,
Cinéaste.
Principales Œuvres cinématographiques :
« 80 Camille », « Un nom pour la BP-134 ! », « En Catalogne, Pascal Comelade », « 14 leçons d’autoconstruction », « Momo »
