Après un premier temps de résidence en 2017, la cie du Rouhault était de nouveau présente au Théâtre La Cité en février 2018 pour la création de « J’appelle mes frères », d’après un texte de Jonas Hassen Khemiri. Cette création s’est construite avec un choeur de 13 amateurs marseillais.
Une voiture piégée a explosé semant l’inquiétude dans la ville. Sans doute un acte terroriste. Amor, jeune homme issu de l’immigration, arpente la ville, rencontre des gens, croise des regards et reçoit des appels téléphoniques de ses proches. Doit-il faire profil bas ? Qui est-il aux yeux des autres et à ses propres yeux ? Quelle identité adopter ? Le sentiment de méfiance qui s’insinue peu à peu en lui devient tellement oppressant qu’il va jusqu’à douter de sa propre innocence…
J’appelle mes frères et je dis : «Il vient de se passer un truc complètement fou. Vous avez entendu ? Douze morts, onze blessés, dans la rédaction d’un
journal à Paris.» J’appelle mes frères et je dis : «La police traque deux suspects. Ils sont frères. Mais ils ne sont pas nos frères. Même si certains vont essayer de les associer à nous. Leurs noms, leur origine, la couleur de leurs cheveux. Suffisamment ressemblant (ou pas ressemblant du tout).»
Extrait de la tribune de l’auteur Jonas Hassen Khemiri parue le 19 janvier 2015 dans Libération
D’abord ce texte
Durant l’année 2015 nous avons été frappés par une terreur nouvelle. Bouleversés, ébahis, fragilisés, apeurés, nous avons tremblé et pleuré ensemble.
Et puis il a fallu mettre des mots pour penser, ouvrir des débats, se parler, se confronter. Les politiques, les médias, les associations ont pris la parole,
ont pansé les plaies et tenté de répondre à notre effarement. Ils ont voulu accompagner une population française meurtrie qui vivait chez elle ce que
jusque-là elle voyait se passer ailleurs.
Des artistes aussi ont cherché des réponses ou du moins un moyen de conjurer le sort.
Après les attentats de Stockholm en 2010, Jonas Hassen Khemiri avait écrit une tribune dans un important quotidien suédois intitulée J’appelle mes frères. Il l’a réécrite pour Libération après les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015. C’est alors que j’ai découvert la pièce du même nom.
L’auteur y traite ouvertement des problèmes d’intégration des immigrés et de leurs enfants, des questions liées aux sentiments d’exclusion,
d’appartenance et de stigmatisation, de crise identitaire, en suivant la journée d’un jeune homme maghrébin dans une ville européenne touchée
par le terrorisme.
Toute l’oeuvre de Jonas Hassen Khemiri est axée sur la place de l’étranger dans les sociétés occidentales, les identités multiples, la place du langage, de la langue et la complexité nécessaire de ces questions.
De Jonas Hassen Khemiri
Traduction Marianne Ségol-Samoy
Édité aux Éditions Théâtrales
Avec Priscilla Bescond, Maxime Le Gall, Slimane Yefsah (distribution en cours)
Mise en scène par Noémie Rosenblatt
Scénographie Angéline Croissant
Création lumière Claire Gondrexon
Création sonore Marc Bretonnière
Création costumes Camille Pénager
Production La Compagnie du Rouhault
Administration Véronique Felenbok
Co-Production La Comédie de Béthune – CDN Hauts de France, Le Prisme – Centre de développement artistique de Saint Quentin-en-Yvelines, Le Réel Enjeu : Théâtre de la Cité – Marseille / Théâtre Jean Vilar – Vitry / Théâtre des Doms-Avignon / Théâtre de l’Ancre -Charleroi. Avec le soutien du Théâtre Minoterie-Joliette pour l’accueil de la première résidence.
Création en janvier 2018 à la Comédie de Béthune.