IL CANTASTORIE © Anne Alix
Les gens qui ont du fric disent :
« oui mais il y a sud et sud ! »
Ici il y a tout le sud du monde.
Le sud, le sudissime.
Et puis comme la bombe, le sud-sud.
Après c’est l’Afrique du Sud.
La sueur… Le suaire…
Et Dieu seul sait si les choses sont justes
ou amères ou douces.
Mais je ne sais pas pourquoi, pour tous
les suds du monde,
les choses ont été et sont toujours
amères.
« Le film retrace le parcours de Matteo Salvatore, chanteur d’histoires d’amour, de travail et d’émigration. Apparu au milieu des années 60, ce poète aujourd’hui oublié a grandi dans les Pouilles avant d’émigrer à Rome. Il s’inscrit dans la tradition du chant populaire italien. Matteo Salvatore s’inspire surtout de ce qu’il a lui-même vécu : la faim, la misère, le choc de la rencontre avec la ville, le chômage, “cette autre histoire triste, douloureuse et amère”. Tel Homère, le “cantastorie” est un prophète, il est lié à ses racines et à son peuple. Il joue de la guitare et chante “tout le Sud du monde, sa sueur et son suaire”. J’ai découvert la musique de Matteo Salvatore par hasard. Je ne comprenais pas alors l’italien, mais dans son chant il y avait déjà tout : un mélange de douleur, de douceur, de colère. La voix des pauvres, opprimés, exploités, exilés, qui en tout temps et tout lieu essayent juste de vivre. Son chant était tellement puissant qu’il m’a fallu le suivre. »
— Anne Alix
1995 / super 16mm
Production : Ateliers de l’Arche, Arcanal