© Jean-Luc Godard & Anne-Marie Miéville
« Le prétexte à la réalisation de cette série était le centenaire de la publication du manuel de lecture scolaire Le Tour de France par deux enfants, manuel qui fit les belles heures de l’école patriotique de la fin du XIXe siècle. Onze mouvements portent un titre en forme de dyade (Obscur/Chimie ; Lumière/Physique…), le troisième allie trois termes (Connu/Géométrie/Géographie). Il y a Robert Linard (Godard) le journaliste reporter, Albert et Betty les présentateurs de la télévision. Mais surtout deux enfants, d’une dizaine d’années (Camille et Arnaud). Camille et Arnaud ne sont pas nommés. Ils sont présentés à notre vue. Pas gardés à vue, présentés. Et beaucoup par le langage. L’adulte explore sa propre langue avec eux, langue du « ou bien, ou bien ». Camille et Arnaud explorent eux aussi leur propre langue, singulière. Celle de Camille est faite de « je ne sais pas », celle d’Arnaud de « un peu des deux ». Les protagonistes du dialogue évoluent ainsi, séparés mais ensemble, et ce qui est donné à penser, pour le spectateur, c’est le possible lien, la communication entre ces êtres. Le mot « vérité » est souvent écrit sur l’écran, associé à la parole de Camille et d’Arnaud. La vérité qui sort de la bouche de ces enfants doit bien passer, d’une façon ou d’une autre, à certains moments, durant ces 5 heures de film.
— Julien Chollat-Namy