|FLACKY ET CAMARADES © Aaron Sievers
Le film Flacky et camarades a obtenu le Prix du patrimoine immatériel au Festival Jean Rouch. Il est construit à partir des archives des ateliers cinéma de l’Institut d’Education Populaire conduit par Pierre Gurgand entre 1978 et 1982 sur les sites miniers du Nord-Pas-de-Calais.
Ciné Nord (en première partie)
Cette action complète et prolonge la restauration/réalisation réalisée par Aaron Sievers du film Flacky et camarades. Il s’agit de faire entendre et de répéter le geste de se saisir des outils du cinéma, d’affirmer la conscience d’être un créateur de langage et pas seulement un auditeur « expert » du langage des autres. Il s’agit de la simplicité désignée de continuer le monde…
En présence du réalisateur et de Gabriel Krause et Laura Bauchero, participants aux ateliers CinéNord.
Flacky et camarades ou le cheval de fer
« À la fin des années 70, Pierre Gurgand, réalisateur, alors conseiller auprès de l’Institut National d’Éducation Populaire, avait déplacé les stages cinématographiques dans les corons, entre Lens, Sallaumines et Liévin… C’était la fin des mines, une page de l’histoire ouvrière était en train de se tourner.Nous nous sommes retrouvés, longtemps plus tard, dans un même « faire » cinématographique. Les outils étaient là, au Polygone étoilé. Nous avons commencé à revoir, ensemble, les 200 heures d’images filmées par son équipe. En 2003, au lendemain du décès de Pierre, tenant promesse et m’entourant de complices, je me suis mis à la table de montage pour me confronter à cette matière monumentale. Il s’agissait tout d’abord d’extraire la parole des mineurs, d’extraire leur mémoire et de la remonter à la lumière… La fragilité des images inversibles 16 mm, mais aussi la réelle présence des stagiaires, perceptible dans la matière filmée, par les mouvements, leurs tremblements, les temps de prises de vue et leur rythme, m’ont conduit à conserver la durée initiale des plans et à réaliser un montage cut, sans coupes… La fragilité des images, entre surexposition, flous et filages fait surgir l’humain comme une apparition. »
Aaron Sievers
A propos de Flacky et camarades Jean Duflot, journaliste, écrivain, critique et scénariste de cinéma écrit :
« A force d’être au ras du réel, une sombre poésie, un lyrisme à la fois austère et dionysiaque finit par émaner de ces minutes précieuses d’images menacées par l’usure amnésique du temps. L’enquête se transmute en légende. Même les maladresses du filmage primitif lui confèrent le tremblement des réminiscences précaires. Aaron Sievers l’a très bien perçu, qui porte sur le travail accompli un regard rétrospectif presque étonné du résultat : « La fragilité des images, dit-il, entre surexposition, flous et filages fait surgir l’humain comme une apparition. » Le cinéma comme résurrection, c’est une définition qui ne manque pas de pertinence physique. Ici, c’est bien à un art d’ombres et de lumières qu’on nous convie. »
Flacky et camarades ou le cheval de fer • 103’ • 2011 • 16 mm > 35 mm • Réalisation Aaron Nikolaus Sievers • Image Gilles Brunet, Marie-jo Aiassa, Pierre Gurgand et les stagiaires de l’INEP (Institut National d’Éducation Populaire) • Montage Aaron Sievers, Julien Girardot, Pedro Morais • Montage son/mixage Céline Bellanger • Avec Paul et Carmen Beaulieu, Charles Beckaert, Michel Bondeaux, Vital et Giovanna Debarge, Roger et Simone Desmoulin, André Flament, Ignace et Caja Flaczynski, Jean Gaj, Marguerite Grare, Hélène Kubsiak, Lydia Kunik, André Leclerc, Jean Martin, Roger et Micheline Moreels, Catherine Pieckny, Georges Prin, Ginette Salingue, Pierre Saque, Edouard et Marie-Thérèse Solarzik, Hélène Szymczak, Fred et Alfreda Viseux, Gertrude Wciorka • Restauration et travaux de laboratoire L’Immagine Ritrovata de Bologne • Production Film flamme/SACRE et Association Création • Restauration réalisée dans le cadre de Béthune 2011, capitale régionale de la culture, avec le soutien d’Artois Comm. Communauté d’agglomération de Béthune-Bruay.
CinéNord • 20’ • 2011 • 16 mm • Avec Valérie Coquempot, Annabelle Taffin, Gabriel Krause, Amandine Asselin, Antonin Verquerre, Laetitia Le Gaye, Pierre Delelis, Laura Baucheron accompagnés de Céline Bellanger, Kiyé Simon Luang et Aaron Sievers • Production Film flamme • Partenaires De la suite dans les images, Cinéligue, cinéma Les Étoiles de Bruay-la-Buissière, Béthune 2011 – capitale régionale de la culture.
Un livre Flacky et camarades (Le cheval de fer) Le cinéma tiré du noir de Aaron Sievers, consacré à l’histoire du film, est édité aux éditions Commune.
CinéNord
« Nous accompagnons des stagiaires du Pas-de-Calais dans la réalisation de films tournés en 16 mm. Cette action complète et prolonge la restauration/réalisation réalisée par Aaron Sievers. Il s’agit de se saisir des outils du cinéma, d’affirmer la conscience d’être un créateur de langage.
Il s’agit de la simplicité désignée de continuer le monde…
Au fond, il s’agit de faire comprendre à nos jeunes ouailles qu’on leur met entre les mains des objets de grande valeur (caméra 16 mm Bell Howell et enregistreur Nagra), que la valeur marchande des outils ne suffit pas à faire du cinéma et a contrario que c’est essentiel d’avoir les meilleurs outils, qu’ils n’ont qu’à se laisser guider par leur élan créateur, en espérant que cet élan ne fasse pas trop de dégât sur le matos. Ainsi fut fait, et tout se déroula comme espéré, et même au-delà de nos espoirs. En effet, réjouissante fut la facilité avec laquelle ils se dépatouillèrent des caméras, cellules, magnétos, micros, suspensions, câbles, casques…
À croire qu’ils ont inventé le western avant que le cinéma ne l’ait inventé. Je souligne pour rentabiliser un peu ma métaphore : les cinéastes en herbe préexistent à toute forme d’ateliers de cinéma. »
Kiyé Simon Luang