|DES CERCLES ET DES PASSERELLES © Florence Offret
Cette série de textes est née de l’atelier d’écriture Ecrire la ville à plusieurs mains mené par Bruno Le Dantec (auteur de La Ville-sans-nom, Marseille dans la bouche de ceux qui l’assassinent) qui s’est tenu à La Cité de février à juin 2011. L’ensemble des textes a été lu en public en septembre 2011.
« Peut-être parce que je l’ai fui un jour pour y revenir quinze ans après ou parce qu’à peine de retour, une enfant métisse a fait irruption dans ma vie, quand je me balade dans les rues de Marseille, un sentiment d’étrangeté m’envahit souvent. C’est qu’elle est compliquée, cette ville. Rien n’invite vraiment à la flânerie, ni au sourire zen ; au contraire, tout incite à rester sur le qui-vive. Ne tenant jamais les promesses des prospectus, l’endroit n’est pas facile à «appréhender», comme disent les universitaires et les condés. Et c’est tant mieux.
Alors, pour raconter ce paysage éclaté et partir à la recherche d’une commune perdue, il faudrait se dédoubler, écrire à plusieurs mains, partager des angles de vue et des parlers divergents, et assumer tour à tour le rôle de gardien des murs, de passager clandestin, de piéton kamikaze ou de géographe suburbain et touche-à-tout. Il faudrait carrément réinventer pour ici et maintenant la picaresque cervantine à partir d’une mosaïque de faits-divers, de rumeurs ; ou pondre – allez, n’ayons pas peur des mots – un Satiricon contemporain. Il faudrait surtout échapper aux clichés tout en faisant la nique aux bobards universalistes, pour enfin écouter battre le cœur de cette ville qui – malgré tout ce qui conspire à nous la voler – est toujours là, avec nous dedans et elle en nous. »
Bruno Le Dantec
Textes écrits par Maria Aranguren-Drouault, Agnès Bertin, Liliane Courvalin, Carolina Coussy, Jérôme Gallician, Josette Lanlois, Christiane Martinez, Jef Perrimond, Michel Pocheron, Annette Revret, Till Roeskens, Béatrice Tonini.