AUTOCHTONIES © Antoine Denize
Comment nous perçoit-on dans notre langue et comment celle-ci en sort-elle transformée, c’est tout le projet de ce duo qui mêle animation typographique projetée et exploration vocale du français comme épreuve d’intégration. Les monologues du spectacle, écrits par Laurent Colomb, sont pour la plupart inspirés des conversations de l’auteur avec les apprenantes de la Maison des femmes d’Asnières-sur-Seine. Foisonnant de néologismes et d’embardées sonores, chacun des monologues lus témoigne de la façon dont les populations migrantes, et en particulier les femmes, apprivoisent notre langue turbulente. Ce français brassé, aux expressions fulgurantes ou nonchalantes, au développement parfois souterrain, traduit la façon dont ces populations s’inscrivent dans notre société où un académisme linguistique est de rigueur. Posséder les formules – s’agirait-il de vrais sortilèges ? – qui ouvrent les portes du dialogue paisible et facilite l’obtention de ce que l’on désire, différencie les êtres et spécifie trop souvent l’attention qu’on est prêt à leur accorder.
Rencontre avec les artistes le jeudi 24 mars à l’issue de la représentation
Laurent Colomb, auteur dramatique et Antoine Denize, auteur multimédia sont tous les deux passionnés par la langue et les lettres. Ils se rencontrent en 2004 autour de « Pousse-pousse à onomatopées », un jeu interactif qui explore les joies de la phonologie et de la typographie (prix de la SCAM et Bourse du DICREAM 2005). Ils imaginent en 2010 La Machine à Tchatch’, initiée avec des jeunes des quartiers Nord d’Asnières-sur-Seine, projet poursuivi en 2015 à Fontenay-sous-Bois, soutenu par le Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse. Ils créent Autochtonies en 2014, expérience qui inspire aujourd’hui un nouveau projet : Vocabulons.
Autochtonies est publié aux éditions de l’Amandier- 2015
Autoproduction : Laurent Colomb et Antoine Denize