FILIATIONS ou LES ENFANTS DU SILENCE © Gislain Mirat
La force des mots de Leïla Anis
Fille de [1e étape], présenté en décembre 2011 à la BJCEM à Rome, a été suivi d’une deuxième étape d’écriture mise en lecture au NTH8 Nouveau Théâtre du Huitième à Lyon par Géraldine Benichou, metteuse en scène et directrice artistique de la compagnie du Théâtre du Grabuge. Fille de [2nd étape] vient d’obtenir le « Prix Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre » lors de la 23e édition du concours d’écriture dramatique, dont les partenaires sont le Festival Printemps d’Europe, le Théâtre du Rond-Point, la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, le Festival de Limoges, le Théâtre de la Tête Noire de Saran… Ainsi va la vie du monologue qui sort du silence de l’écriture pour prendre la lumière, tantôt mis en scène, tantôt simplement lu. Comme au WEYA à Nottingham, où la jeune auteure a offert une version anglaise envoûtante, démontrant avec simplicité sa maîtrise de l’art de la comédie : oscillations de sa voix douce mais ferme, variations des rythmes, courts silences et respirations ; le geste venant appuyer les accélérations et les ruptures. Une manière personnelle « d’aller vers la langue anglaise » qui prenait tout son sens quand son écriture questionne le fait d’être entre deux pays… Djibouti, dont « le départ fut un moment brutal », et la France où elle vit.
Texte Leïla Anis • Mise en scène Karim Hammiche [Compagnie de l’Oeil Brun] • Jeu Leïla Anis, Karim Hammiche, Anne Davienne, Malik Soarès, Eric Minette • Chant et violon Anne Davienne • Musique (compositeur-interprète) Malik Soarès • Création lumière El Mekki Arrhioui • Scénographie Eric Minette
Coproduction Atelier à Spectacle, scène conventionnée de Dreux Agglomération • Compagnie La Fabrique des Petites Utopies_ Grenoble • Compagnie Mêtis _ Angers • Espace Culture_ Marseille
Soutiens la Fabrique Ephéméride_ Val-de-Reuil • La Cimade • Festival Migrant’scène_ St Martin d’Hères • MJC Village_ St Martin d’Hères • La Cité, Maison de théâtre dans le cadre de la Biennale des Ecritures du réel.
La 15ème édition de la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée s’est déroulée à l’automne 2011 à Thessalonique [Grèce] et Rome [Italie]. Les artistes ont été sélectionnés par des jurys de professionnels à l’issue d’un appel à candidature.
En 2012, les manifestations « Retour de Biennale » constituent une nouvelle occasion de découvrir leurs oeuvres en France. Le retour de Biennale à Marseille se déroulera du 15 novembre au 22 décembre 2012.
Aujourd’hui Leïla Anis participe au Retour de Biennale à Marseille avec le cœur riche d’une autre histoire. Ou plutôt de deux histoires en résonance, réunies dans Filiations ou les enfants du silence qui fait entendre des paroles jamais prononcées. Car le silence est une arme absolue contre la souffrance : « Mon père et celui de Karim Hammiche n’ont jamais posé de mots sur leurs vies, sur cette période où ils ont connu leur pays, l’un l’Algérie, l’autre Djibouti, au moment de leur indépendance ». Chacun a vécu ce temps si singulier de l’après colonisation là-bas, puis en France… Karim et Leïla se sont retrouvés ensemble face au silence, qu’elle nomme « ce grand trou noir », avec la difficulté de construire leurs propres histoires. Le manque, le vide, l’ignorance, Leïla Anis a eu envie « de poser ses propres mots sur des histoires singulières inscrites dans des histoires universelles ». Son texte, né d’abord d’un dialogue enregistré avec Karim, est devenu texte de théâtre à plusieurs voix : « une forme de théâtre documentaire » mis en scène par Karim Hammiche où les mots de Leïla Anis dialoguent avec des images extraites de son documentaire – notamment des films tournés en super 8 dans son enfance où l’on croise « la figure du père » -, et avec la musique. Sur le plateau, Karim réunit deux comédiens, la chanteuse lyrique Anne Davienne et le musicien Malik Soarès. De quoi faire résonner plus encore la mémoire des chers disparus. Leïla Anis a écrit Filiations ou les enfants du silence avant tout dans l’optique de le jouer (« c’est l’épreuve du plateau qui me plaît, son caractère éphémère »). A chaque représentation théâtrale, les mots se transforment de la bouche du comédien à l’oreille du spectateur, pour s’envoler librement…