IVRESSE DE LA PAROLE © Sigrun Sauerzapfe
Explorer la parole comme un principe de vie, une parole détachée de toute volonté de communication, de tout effort volontaire, de toute décision. Parler comme on danse, parler comme une danse, avec liberté, plaisir, ivresse, sans aucune obligation d’intelligence, aucun jugement sur ce qui est parlé. L’essentiel étant de parler, d’aimer et de vouloir parler.
Pour cette création, j’ai proposé de pouvoir mettre en partage une démarche artistique que je mène depuis quelques années dans mes spectacles au sein de la compagnie Soleil Vert. J’ai donc fait la proposition d’un espace de recherche dans lequel notre rapport au théâtre se placerait un peu comme la science-fiction se place dans la littérature : en tant que questionnement, mais aussi comme un principe actif, un outil, un éclairage, un point de vue…voire un virus contaminant peu à peu le champ du réel, constituant un système permettant d’appréhender, de dire le monde.
«Ivresse de la Parole» est un projet qui tentera à se construire dans cet état d’esprit…
A travers ce spectacle, nous explorerons ensemble la parole comme un principe de vie. Questionnant une pratique de la parole détachée de toute volonté de communication, faisant exister un territoire propice à l’affirmation d’un état d’être irrémédiablement parlant… En partant du principe que la parole précède l’idée : de la même manière que l’appétit vient en mangeant, les idées nous viennent en parlant !
Alors, devant vous, on se livre, et on ouvre sans complexe notre robinet à parole, et on se déverse sans s’arrêter, on laisse tout couler ! On parle comme on danse, avec liberté, plaisir, ivresse… Il n’y a aucune obligation d’intelligence, aucun jugement sur ce qui est parlé. L’essentiel pour nous, c’est de parler, d’aimer et de vouloir parler.
Car parler, ce n’est pas seulement dire des choses pour communiquer. Parler, c’est quand même aussi l’occasion de s’écouter soi-même, pour peut-être aussi de se comprendre un peu…
Laurent De Richemond
Avec Stéphanie Bafcop, Marie Bernard, Houcine Hemahmi, Stéphanie Louit, Christiane Martinez, Emilie Martinez, Odile Schneider, Sandrine Thion, Xavier Tigana, Benoit Zollet • Production La Cité avec le soutien du CUCS Tout Marseille, du Conseil Général 13 et de la Fondation de France.
« Qui est-il ce monde d’itinérants, trimballant leur univers de petites affaires sur leur dos ? Vies sur leurs épaules, posant leur espace, paré de méfiance, de défiance envers celui qui leur ressemble tant. Qu’est-ce qui fait qu’à un moment l’un d’entre eux perd le contrôle, lâche les mots ? Tentative désespérée de se libérer du carcan du silence ? Recherche du plaisir dans la violation de la loi, de la norme ? Instincts bavards ? Pourquoi ce silence brisé expose-t-il au danger ? Alors on se précipite, on le fait taire ce bavard malheureux, dangereux, on le fait taire avec compassion pour mieux le bâillonner, le faire démissionner, le soutenir aussi. Car on sent bien que chacun d’entre eux est jaloux de ce premier qui a osé. Qu’est-il ce peuple de jouisseurs dans la parole, plein d’une pensée vivace, vorace, mais qui finira tout de même par reprendre sa place, silencieux. »
Sandrine Thion, participante à l’atelier